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Les archives silencieuses des émotions refoulées : Qu’ai-je osé dire dans ce livre ?

  • Photo du rédacteur: Feroz Anka
    Feroz Anka
  • il y a 2 jours
  • 5 min de lecture

En écrivant Ce qui reste en moi, j’ai surtout pris conscience de ceci :

Il y avait en moi bien plus de dossiers que je ne le pensais.

Certains, je les connaissais ; c’étaient ces dossiers devant lesquels je passais depuis des années en me disant : « Je verrai ça plus tard. »

D’autres étaient comme de vieilles photos qui n’apparaissent que lorsque la lumière les touche, des émotions dont j’avais même oublié le nom.

C’est là que j’ai compris que ce qu’on appelle « émotions refoulées » ne cache pas seulement des souvenirs douloureux, mais aussi des joies dont nous avons honte de parler.

Parce que parfois, tu as l’impression de ne même pas avoir le droit d’être heureux.

Alors, dans Ce qui reste en moi, j’ai essayé d’ouvrir un peu cet archive qui attendait en silence en moi depuis des années – à la fois ma douleur et mes joies dissimulées.


Émotions refoulées : Le tas de « je verrai plus tard » en moi...

Pendant des années, j’ai passé avec mes émotions un accord qui ressemblait à ceci :

« Pas maintenant.

Ce n’est pas le moment.

On verra plus tard. »

Quand j’étais blessé, je me suis tu.

Quand on s’ennuyait de moi, je ne l’ai pas montré.

Quand quelqu’un me manquait, je me suis occupé.

Quand j’avais peur, j’ai essayé d’agir de manière « raisonnable ».

Vu de l’extérieur, cela ressemble à « garder le contrôle ».

Vu de l’intérieur, pourtant, cela porte un autre nom : la pression émotionnelle.

La pression émotionnelle vient le plus souvent non pas des autres, mais de nous-mêmes.

« N’exagère pas autant. »

« Ne sois pas si sensible. »

« Si tu en fais une histoire, tu auras l’air faible. »

Ma petite voix intérieure a coulé ainsi couche après couche du béton sur mes émotions.

Et un jour, j’ai remarqué que ce qui se trouvait sous ce béton essayait encore de respirer.

Ce jour-là, je suis revenu à mon bureau d’écriture.


Les émotions dont j’ai réussi à parler pour la première fois dans Ce qui reste en moi...

En écrivant Ce qui reste en moi, je me suis posé cette question :

« Qu’est-ce que je vais oser dire ici pour la première fois ? »

Pour la première fois, j’ai laissé à nu à ce point ma déception envers moi-même.

On aurait dit que j’avais toujours été blessé par les autres ; pendant des années, je l’ai raconté ainsi.

Pourtant, la plus grande rupture, je l’ai vécue en me laissant moi-même tomber en chemin.

C’est la première fois que je l’ai accepté de manière aussi nue.

Pour la première fois, j’ai écrit que certains de mes « si seulement » étaient en réalité de petites morts dont je n’avais jamais fait le deuil.

Une décision, un renoncement, quelque chose que je n’ai pas réussi à faire…

Je ne leur avais jamais organisé de funérailles.

Je m’étais contenté de dire : « C’est la vie, ça arrive. »

Mais il restait en moi une part toujours vêtue de noir.

Pour la première fois, j’ai avoué la fatigue de me donner sans cesse le rôle du fort.

Pour la première fois, j’ai longuement parlé avec l’enfant fatigué qui se cachait derrière les phrases « Je suis solide, je me reprendrai, je m’en débrouillerai. »

Cet enfant m’a demandé ceci : « Au moins dans ce livre, sois honnête. »

C’est ainsi que les émotions refoulées ont commencé à suinter dans le texte.

Non pas parce que je l’avais planifié, mais parce que j’étais arrivé au point de dire : « Je ne pourrai plus cacher ça. »


Faire face à ses émotions : Des opérations tardives sur le bureau d’écriture...

Faire face à ses émotions peut sonner comme un voyage intérieur romantique.

Dans mon expérience, ce n’était pas le cas.

C’était plutôt comme une opération réalisée sans anesthésie.

En écrivant certains paragraphes, ma gorge s’est nouée.

À certaines lignes, mes mains se sont arrêtées, mes yeux se sont perdus entre les phrases.

J’ai écrit puis effacé certaines phrases, puis je me suis fâché contre moi-même et je les ai réécrites.

Faire face à ses émotions ne se termine pas en disant : « Voilà ce que je ressens. »

La vraie question vient d’ici :

« Pourquoi ai-je tellement honte de ce sentiment ? »

J’ai découvert que j’avais des émotions dont j’avais honte.

La jalousie, la fragilité, le sentiment de ne pas valoir grand-chose, la solitude…

On se reproche parfois non seulement de souffrir, mais aussi de se sentir ainsi.

Dans ce livre, j’ai essayé de baisser le son de ce procureur intérieur et de monter un peu la voix du témoin.

« Oui, j’ai ressenti cela.

Oui, j’ai peut-être exagéré.

Oui, j’ai peut-être mal interprété.

Mais malgré tout, je l’ai ressenti.

C’est aussi ma vérité. »

Au moment où j’ai accepté cette phrase, les émotions refoulées ont commencé à sortir lentement du dossier.


La guérison émotionnelle n’était pas un but, mais un effet secondaire...

Je n’ai pas écrit Ce qui reste en moi avec l’objectif de « guérison émotionnelle ».

Si je m’étais assis à mon bureau en me disant « Je dois guérir », je me serais probablement encore plus bloqué.

J’ai écrit ce livre en me disant : « Quoi qu’il arrive, que je ne me mente plus à moi-même. »

Si guérison il y a eu, ce n’a été qu’un effet secondaire.

La guérison émotionnelle ne vient pas toujours par de grandes illuminations, mais par de tout petits moments d’acceptation.

Chaque fois que tu peux dire « Oui, cela fait aussi partie de moi », un fin verrou s’ouvre à l’intérieur.

Sur les pages de ce livre, j’ai entendu pour la première fois aussi clairement ces phrases adressées à moi-même :

« Tu n’es pas cassé simplement parce que tu ressens autant. »

« Le fait que tu sois blessé ne signifie pas que tu as tort. »

« Ne dis pas ce que tu devrais ressentir, dis ce que tu ressens vraiment. »

De l’extérieur, ces phrases peuvent sembler ordinaires.

Dans mes archives silencieuses intérieures, elles étaient pourtant de petites révolutions.


Ce livre est le journal tenu par les émotions refoulées...

Avec le recul, Ce qui reste en moi représente pour moi ceci :

Un journal où les émotions refoulées parlent enfin de leur propre écriture.

Dans ce journal, il n’y a pas d’aphorismes, mais des plaies ouvertes.

Pas de leçons, mais des aveux.

Il n’y a pas de réponses à « Comment devenir une meilleure personne ? » ;

il y a un cœur qui tente honnêtement de poser la question : « Comment étais-je vraiment ? »

La pression émotionnelle réduit l’être humain au silence.

Dans ce livre, j’ai essayé de percer un peu mon propre silence.

Peut-être pas en criant, mais au moins en confiant le murmure au papier.


Si un jour tu donnes le nom « émotions refoulées » à ce poids familier qui erre en toi, sache que tu n’es pas seul.

Nous portons tous en nous de petits archives que personne ne voit.

Sur certains dossiers, il est écrit « je verrai plus tard » ; certains ne sont même pas étiquetés.

En écrivant ce livre, j’ai entrouvert un peu le couvercle de mes propres archives.

Rien de ce que j’y avais caché n’a disparu de manière miraculeuse.

Mais maintenant, ils ont un nom.

Ils ne se cachent plus ; je sais simplement où ils se trouvent.

Peut-être que, pour toi aussi, le premier pas est là.

D’abord, donner un nom à cette émotion.

Puis te poser la question que tu remets à plus tard depuis des années :

« Qu’ai-je vraiment ressenti, et pourquoi l’ai-je caché à moi-même ? »
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