Pourquoi ai-je écrit La Géographie de la Vérité ? – Une quête de sens à travers les lieux
- Feroz Anka
- il y a 3 jours
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Lorsque j’ai écrit La Géographie de la Vérité, il n’y avait ni passeport sur ma table, ni liste de vols devant moi.
Je n’avais aucun projet de « partir » ni l’intention de devenir un « guide de voyage ».
Ce livre est né au cœur d’une époque où les cartes se multiplient mais où le sens de l’orientation se perd.
Plus le monde s’agrandissait sur les écrans, plus le monde en moi se rétrécissait.
À un moment, j’ai compris ceci :
Le problème n’était pas que le monde soit grand ; le problème, c’est que le sens rapetissait.
Et j’ai décidé de suivre la trace de ce sens qui diminue à la surface de la terre.
Il n’a pas commencé par une idée, mais par une fissure...
La Géographie de la Vérité n’était pas une « bonne idée ».
Elle n’a jamais été construite comme une phrase de marketing.
D’abord, une phrase s’est brisée en moi :
« Nous regardons tant de lieux, mais savons-nous vraiment où nous appartenons ? »
Pendant que la vie quotidienne continuait – notifications, titres, images de guerre, catastrophes, crises…
Le monde entier défilait à toute vitesse devant mes yeux, mais une seule question restait en moi :
« Où se cache le lien que la terre tisse avec la vérité ? »
Pour moi, le « voyage spirituel » n’était plus une technique, une méthode ni le nom d’un programme de développement personnel.
La vraie question était celle-ci :
Tant que je ne vois la terre que comme une carte, puis-je vraiment nouer un lien vivant avec la vérité en moi ?
La Géographie de la Vérité est née précisément de cette fissure intérieure.
Si tu regardes bien, la terre n’est pas seulement une carte, c’est une mémoire...
Au bout d’un moment, les villes ont cessé de me parler en termes de « population, économie, tourisme ».
Elles ont commencé à chuchoter depuis un tout autre endroit.
J’ai senti que chaque terre porte une mémoire qui lui est propre.
Que chaque ville se tient dans l’inconscient de l’humanité comme une phrase, que chaque fleuve coule comme une question posée depuis des siècles sans jamais recevoir de réponse complète, que chaque montagne devient un concept qui interroge l’homme sur sa direction.
En écrivant ce livre, j’ai commencé à lire la terre non comme une « liste de lieux », mais comme un atlas de mémoire.
C’est pourquoi La Géographie de la Vérité n’est ni un récit de voyage ni un ouvrage d’histoire classique.
Ce livre prend le lieu comme prétexte pour regarder le vide à l’intérieur de l’être humain.
Car le véritable voyage intérieur commence parfois sans changer de place, simplement en changeant de regard.
Les cartes se sont multipliées, mais le sens de la direction s’est perdu...
Aujourd’hui, nous avons tous des cartes dans nos poches.
Nous vivons dans un état d’humanité qui ne peut pas traverser une ville sans GPS, mais qui ignore le chemin qui mène à son propre cœur.
Un jour, j’ai réalisé ceci :
Nous parlons sans cesse d’aller partout dans le monde, mais nous nous demandons rarement vers quoi nous nous orientons vraiment.
Nos avions sont plus rapides, mais nos cœurs plus fatigués.
Nos routes sont plus larges, mais nos âmes plus à l’étroit.
Nous disons « Le monde est petit », alors que la distance entre nous et la vérité n’a peut-être jamais été aussi grande.
Je n’ai pas écrit La Géographie de la Vérité pour « ceux qui veulent parcourir le monde », mais pour « ceux qui ne se sentent plus chez eux nulle part ».
Parce qu’une vraie quête de sens ne coupe pas l’être humain de sa géographie ; elle commence au contraire par renouer sa relation avec la terre.
C’est la question que j’ai essayé de poser dans ce livre :
« Lorsque ton lien avec la terre se rompt, peux-tu vraiment préserver ton lien avec la vérité? »
Mon intention était de chercher la vérité à travers les lieux...
Ce que j’ai tenté de faire dans La Géographie de la Vérité peut se dire en une phrase :
J’ai essayé de lire les lieux comme des miroirs des états intérieurs de l’être humain.
En regardant la Mésopotamie, je n’ai pas pensé seulement à une civilisation, mais aux premières questions posées, aux premiers refus, aux premiers abandons.
En écrivant sur Jérusalem, j’ai parlé des prières coincées entre les pierres, du sentiment de justice fêlé et de la pulsation d’une blessure qui ne guérit jamais tout à fait.
J’ai vu La Mecque et Médine non seulement comme des centres de culte, mais comme des lieux où le cœur apprend sa qibla.
En décrivant les villes d’exil, j’ai suivi ce sentiment d’exil invisible que nous portons aujourd’hui en nous.
Pour moi, ce fut bien sûr un voyage spirituel ; mais pas une spiritualité en quête « d’expériences élevées », exotique et vernie.
Au contraire, un voyage très concret, très terrestre, très humain.
En marchant dans les rues d’une ville, je voulais parcourir en même temps mes propres rues intérieures.
La Géographie de la Vérité est devenue le livre de cette marche à double sens :
Une marche avec un pied sur la terre et l’autre dans le monde intérieur.
Pour qui pensais-je écrire ce livre, et vers qui s’est-il tourné ?
Au début, je croyais écrire ce livre pour les lectrices et lecteurs qui aiment la terre et l’histoire.
Pour ce regard curieux qui examine les cartes, regarde des documentaires et aime lire sur les civilisations.
Mais à mesure que j’écrivais, j’ai vu le livre se tourner sans cesse vers quelqu’un d’autre :
Vers celui dont la chambre est en désordre, mais dont l’esprit l’est encore plus.
Vers celles et ceux qui regardent les cartes et se disent en secret : « Si je partais, est-ce que je me réparerais ? », mais qui reviennent de partout avec eux-mêmes.
Vers celles et ceux dont le besoin « d’appartenir à un lieu » grandit en eux sans qu’ils sachent le nommer.
Aujourd’hui, je vois que j’ai surtout écrit La Géographie de la Vérité pour la personne qui veut oser un voyage intérieur mais ne sait pas par où commencer.
Pour tous ceux qui cherchent une « direction intérieure » avant même de rêver d’un voyage.
Qu’est-ce que La Géographie de la Vérité a changé dans ma vie ?
Écrire ce livre m’a enlevé certaines choses.
Quelques zones de confort, certaines certitudes, certains endroits où je tenais avec assurance en disant : « Ça, je le sais. »
Car, en écrivant, j’ai dû me confronter à la fois aux questions dérangeantes du monde moderne et à ma propre façon de comprendre la foi et l’abandon.
En échange, il m’a laissé autre chose :
L’habitude de regarder la terre avec plus d’attention.
La capacité de lire le lieu comme une langue des émotions et de la foi.
La consolation lourde mais réelle de la phrase « Aucun lieu n’est neutre ».
Désormais, lorsqu’une ville détruite apparaît au journal télévisé, je ne vois plus seulement la « guerre » ; je ressens aussi les prières interrompues, les liens rompus et le poids de la responsabilité que nous avons envers notre présent.
Pour moi, La Géographie de la Vérité est devenue une tentative de renouer avec la terre dans une perspective de foi.
La Géographie de la Vérité n’est pas le livre du cliché « Parcours le monde et trouve-toi toi-même ».
Ce n’est pas non plus le livre d’un désespoir qui soupire : « Les cartes sont belles, la vie est dure. »
Cet ouvrage est la trace incomplète, fissurée mais sincère d’un effort pour voir la terre comme un miroir de la vérité.
Si toi aussi tu portes en toi une quête de sens, un besoin de voyage intérieur, peut-être que ce livre ne te mettra pas une boussole en main. Mais il te murmurera peut-être :
« Regarde à nouveau la terre. Peut-être que la géographie de la vérité est plus proche que tu ne le crois. »




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