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Apprendre à être seul·e : Être seul·e sans se sentir seul·e

  • Photo du rédacteur: Feroz Anka
    Feroz Anka
  • il y a 3 jours
  • 6 min de lecture

Le mot solitude fait naître chez la plupart des gens la même émotion :

L’impression d’être abandonné·e, le manque, la sensation que quelque chose a mal tourné.

Pourtant, être seul·e et se sentir seul·e ne sont pas la même chose.

Tu peux t’asseoir à une table bondée et te sentir terriblement seul·e ; tu peux t’asseoir seul·e dans une pièce et te sentir plus « à ta place » que jamais.

Au cœur de Les chemins vers moi-même se trouve exactement cette question :

Suis-je vraiment seul·e, ou ai-je si peur simplement parce que je n’ai jamais appris à rester avec moi-même ?

Certains soirs, même entouré·e de gens, tu te dis en silence : « Je n’appartiens pas à cet endroit. »

Tu ris, tu parles, tu accompagnes, tu écoutes ; mais tu ne peux pas te dire : « Je suis vraiment ici, maintenant. »

Les voix montent, la conversation s’approfondit, une ambiance joyeuse règne à table ; et toi, intérieurement, tu t’es déjà retiré·e.

Même si personne ne le remarque, tu as déjà quitté cette table.

Le sentiment de solitude commence très souvent exactement là.

Non parce que tu es seul·e, mais parce que tu n’arrives pas à te rejoindre.

Ton corps est là, ta voix est là, ton sourire est là, mais le toi intérieur se promène déjà ailleurs.

C’est pourquoi la solitude n’est pas toujours « être seul·e ».

Parfois, c’est là où tu es le plus entouré·e que tu te sens le plus seul·e.


« La solitude est-elle un manque ? »

Pendant des années nous avons vu la solitude comme un manque.

S’il n’y avait personne autour de toi, tu pensais que tu faisais quelque chose de travers.

Un week-end vide, un agenda non rempli, une soirée silencieuse…

Comme si c’étaient des signes d’« échec » dans la vie.

Pourtant l’être humain n’est pas un être qui ne se complète qu’avec « les autres ».

Oui, il y a en nous une part qui a besoin de relation et de contact ; mais il y a aussi une part qui ne peut construire aucune relation saine sans d’abord s’entendre elle-même.

Quand nous voyons la solitude uniquement comme « le moment où il n’y a personne », nous la vivons toujours comme quelque chose de manquant, de faux, dont il faut s’éloigner.

Alors qu’être capable d’être seul·e, c’est se tenir sur le seuil de la porte qui s’ouvre sur le monde intérieur.

Le chemin par lequel une personne fait la paix avec elle-même, apprend à se connaître et à s’entendre passe très souvent par là.

La solitude n’est pas, comme on le croit, « le fait de n’avoir absolument personne ».

Parfois, elle porte une forme de compagnonnage bien plus réelle que le fait de se perdre parmi les autres :

Être avec soi-même.


Pour quelqu’un qui ne sait pas être seul·e, le silence est toujours dangereux...

Parce que le silence ramène les pensées refoulées, les émotions reportées, les phrases jetées à la poubelle.

C’est pourquoi, au moment même où nous nous retrouvons seul·e, la plupart d’entre nous allumons aussitôt quelque chose :

Télé, musique, réseaux sociaux, série, film…

Pourvu que nous n’entendions pas la voix à l’intérieur.

Moi aussi, pendant longtemps, je n’ai vécu la solitude qu’aux deux extrêmes :

Soit je me noyais dans la foule, soit je me fermais complètement et me repliais sur moi-même.

J’ai appris bien plus tard qu’entre les deux pouvait exister une manière douce et bienveillante d’être seul·e.

Pouvoir être seul·e n’est pas se punir.

Ce n’est surtout pas essayer de prouver qu’on n’a besoin de personne.

Pouvoir être seul·e, c’est supporter de rester en tête-à-tête avec soi-même, apprendre à tolérer sa propre présence.

Pouvoir être seul·e sans se sentir seul·e, c’est ceci :

Se sentir, lorsque l’on est seul·e, non pas incomplet·ète, mais ouvert·e à un autre degré de complétude.

Découvrir que tu peux être ta propre compagnie même quand personne n’est là.


En écrivant Les chemins vers moi-même, la solitude a d’abord été pour moi une obscurité.

Lorsque je quittais les foules pour rentrer dans ma chambre, le silence ne me calmait pas ; au contraire, il me jetait au visage toutes les questions en même temps.

J’ai dû m’avouer ceci : je ne savais pas être seul·e.

Être seul·e me murmurait aussitôt cette phrase : « Alors personne ne veut de toi. »

Avec le temps, j’ai compris que ce que nous appelons solitude a deux visages :

Un visage tourné vers l’enfance blessée et niée, vers la part qui dit : « Je ne suis pas digne d’être aimé·e. »

L’autre visage s’ouvre sur le voyage intérieur et dit : « Je porte un vide que personne d’autre que moi ne peut remplir. »

La solitude n’est pas seulement le monde extérieur qui nous abandonne ; parfois, c’est aussi le nom de notre propre abandon de nous-mêmes.

Les chemins vers moi-même est en fait le récit d’un voyage où j’ai affronté cet abandon et tenté de revenir de mon propre côté.


La solitude peut-elle être une porte ?

À un moment donné, j’ai commencé à me poser cette question :

Ce sentiment de solitude est-il vraiment une punition ?

Ou bien est-ce une porte ouverte sur mon monde intérieur, restée fermée pendant des années ?

Si tu lis la solitude seulement comme « Il n’y a personne », elle pèse évidemment lourd.

Mais la même solitude, lue comme « Je suis enfin en tête-à-tête avec moi-même », prend un tout autre sens.

Quand tu es seul·e :

Tu entends tes propres questions.

Tu remarques les battements de ton propre cœur.

Tu as davantage de chances d’agir non pas selon les attentes de quelqu’un d’autre, mais selon l’état qui vit vraiment en toi.

Au milieu de la foule, tu dois souvent suivre le rythme des autres.

Quand tu es seul·e, tu remarques ton propre rythme pour la première fois.

Peut-être es-tu un peu lent·e.

Peut-être as-tu couru pendant des années.

Peut-être es-tu très silencieux·se aux yeux des autres, mais les mots en toi ne font que commencer à se former.

La solitude peut être l’espace ouvert pour que tu entendes ce rythme pour la première fois.


Si tu te sens seul·e au milieu des foules, tu es sans doute très enclin·e à te blâmer pour ce ressenti :

« Pourquoi suis-je comme ça ? »

« Pourquoi je n’arrive pas à être comme les autres ? »

« Pourquoi je ne me sens pas heureux·se ? »

Peut-être que le problème n’est pas que « tu es cassé·e ».

Peut-être que le problème est que tu ne trouves pas d’espace à la mesure de ta finesse, de ta fragilité, de ta profondeur.

Se sentir seul·e dans la foule n’est pas toujours de l’inadéquation.

Parfois, c’est une phrase que ton âme te dit en silence :

« Je suis trop profond·e pour cet endroit.

Je suis trop sensible pour ce bruit.

Je n’ai pas été créé·e pour vivre seulement à cette profondeur de surface. »

Au moment où tu entends cela, la solitude n’est plus seulement un puits obscur ; elle devient un puits dans lequel tu es invité·e à descendre.

C’est le signe non pas que tu es abîmé·e, mais que tu es appelé·e.


Tu peux voir le fait d’être seul·e comme une forme de douceur envers toi-même...

Lorsque tu cesses de voir le fait d’être seul·e comme une punition, tu peux commencer à le voir comme un droit que tu t’accordes, un cadeau, un espace de compassion.

Les moments où tu peux rester avec toi-même sont une autre manière de dire :

« Je vaux la peine de passer du temps avec moi. »

« Ma voix intérieure mérite aussi d’être écoutée. »

« J’existe autant seul·e qu’avec les autres. »

Apprendre à être seul·e, c’est prendre au sérieux ta propre existence.

C’est respecter ton propre temps.

C’est décider de te voir non seulement à travers le regard des autres, mais aussi à travers le tien.


La solitude est l’un des chemins vers moi-même...

La solitude est comme une ombre qui ne nous lâche pas tant que nous fuyons devant elle.

Plus nous refusons de nous asseoir avec elle, de lui poser une question, de l’écouter, plus elle grandit.

Mais si un jour tu t’arrêtes pour demander :

« Qu’est-ce que cette solitude essaie de me dire ? »

alors l’ombre commence peu à peu à prendre forme.

Peut-être te murmure-t-elle :

« Arrête d’essayer d’obtenir un rôle dans la vie des autres. Souviens-toi de ton premier rôle dans ta propre vie. »

La solitude n’est peut-être pas toujours cette pièce sombre que tu imagines.

Vue du bon angle, elle est une porte ouverte vers toi-même.

Apprendre à être seul·e sans se sentir seul·e, c’est apprendre à ne pas minimiser ta propre existence, ta propre voix, ton propre monde intérieur.


Et peut-être que ce que j’appelle Les chemins vers moi-même, c’est surtout ceci :

Cesser de fuir non pas la foule, mais moi-même, et construire une nouvelle relation avec la solitude.

Non comme une punition, mais comme un appel...

Non comme un manque, mais comme un commencement...

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